Une vie contre le capitalisme (tome 2) – Wilhelm Gengenbach

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Second volume du récit autobiographique de Wilhelm Gengenbach, faisant suite à “Face au fascisme allemand”, cet ouvrage s’ouvre en décembre 1933.

Agé de 19 ans, militant à la jeunesse communiste, l’auteur vient de passer six mois au camp de concentration du Börgermoor. Libéré faute de preuves, il a découvert une société allemande profondément transformée, où toutes les règles de vie sont bouleversées. Il a repris une action militante où tout doit être repensé. Mais surveillé, inquiété, interrogé, battu par la police, il doit fuir, sous le coup d’un mandat d’arrêt pour préparation à la haute trahison, et passe la frontière avec la Belgique. C’est le début d’un exil qui ne finira plus.

La Belgique est pour lui l’occasion de réflexion, de construction d’une pensée personnelle, de lutte morale contre l’inaction et la démoralisation. Mais c’est en France, où il émigre début 1934, que le problème des chefs dans le parti lui revient personnellement à la figure, avec des responsables du parti allemand dans l’émigration. Cette question va soudain devenir pour lui, à proprement parler, une question de vie et de mort.

Willy, c’est ainsi qu’on l’appelle en France, n’obéit pas aux injonctions d’éviter le contact avec d’autres que les immigrés allemands de son parti, et au contraire se lie sans distinction autre que le rapport humain, la recherche du débat d’idées. Willy n’accepte pas que les permanents puissent disposer de privilège, y compris celui de pouvoir fumer de meilleures cigarettes que celles distribuées aux militants de base.

Avec Hans Beimler, député au Reichstag et membre des instances nationales du parti allemand, c’est l’accrochage. En réponse, la direction lui ordonnera une mission en Allemagne ; c’est une quasi condamnation à mort. Ce sont les militants allemands, à la frontière suisse, qui lui font faire demi-tour, jugeant sa présence dangereuse y compris pour eux-mêmes. De retour à Paris, se retrouvant sans issue, voulant garder intact le sens qu’il a donné à sa vie, il ne trouve que le suicide.

A l’hôpital Saint-Antoine, il est soigné et pris en charge par des militants du Parti communiste français. Et c’est une famille ouvrière et communiste parisienne du douzième arrondissement, les Decaindry, qui l’héberge, l’adopte, lui permet de retrouver ses marques, et de militer dans Paris.

Mais cette générosité, cette camaraderie et cette chaleur n’empêcheront pas Willy de conserver intact son esprit critique, envers la pratique politique du PCF (depuis sa nonchalance et sa suffisance vis-à-vis du danger fasciste, jusqu’à son chauvinisme écœurant d’après 1940). Et c’est avec la même lucidité d’esprit qu’il scrute le problème des chefs au sein du PCF, et il ne cessera de réagir aux attitudes correspondantes de soumission et d’acceptation de nombre de militants.

« Une vie contre le capitalisme « 

t.2 A l’école de l’exil (1933-1934)

Wilhelm Gengenbach

2013, 532 p. 25 €

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Wilhlem Gengenbach (Bâle 1917 – Paris 2002) était communiste, mais pas de ceux dont les convictions ont dépendu des aléas ou des revers que connaîtront les divers partis communistes. Né enfant naturel d’une employée de maison, et donc considéré comme bâtard, Willy héritera d’une enfance très rude une sensibilité particulière à toute exigence de soumission aux ordres, à toute velléité de faire peser une supériorité au nom de la hiérarchie. Gagné au communisme par des ouvriers au comportement au contraire égalitaire avec lui, il restera vigilant quant aux rapports dans le mouvement communiste, que ce soit entre militants, et plus encore avec ceux qui occupent des postes de responsabilité ou de direction. Il cultivera toute sa vie une réflexion nourrie par une vie engagée dans une époque décisive, sur ce qu’il considérera comme un problème d’importance, le rapport aux chefs dans les mouvements d’émancipation.

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